Ces derniers jours nous rappellent, si besoin en était, que tout a une fin en ce bas monde. Pas seulement ces derniers jours d’ailleurs. Disons plutôt que les exemples ne manquent pas : la disparition de Stan Lee, la rentrée scolaire, la sortie de Fallout 76, le claquage de ma cafetière, le silence après les 2h40 de concert de Thiéfaine (soirée de ouf !), ou bien encore le 29 octobre dernier, anniversaire de la disparition de Georges Brassens.
Il est donc de bon ton d’être prévoyant, et de ne pas être pris de court. Une fois entre quatre planches (cette expression m’a toujours étonnée car en fait, il faut bien six planches pour faire un cercueil et non quatre), il sera bien difficile de faire part de ses dernières volontés. D’où l’intérêt de rédiger un testament. Ce qu’avait bien compris l’ami Georges en sortant, en 1955, Le testament. Un titre que je vous invite à découvrir, et puisque sur Five-Minutes nous faisons les choses bien, vous le trouverez juste après ces lignes, ici-bas ici même.
Pourtant, la pépite qui nous intéresse aujourd’hui n’est pas tant Le testament dans sa version originale que sa reprise en espagnol par Paco Ibañez, publiée en 1979 et sobrement traduite El testamento. Quoi de plus naturel que la rencontre de ces deux monstres sacrés de la chanson, et plus largement de l’humanité et de la vie ? Paco Ibañez, pour celles et ceux qui l’ignoreraient, est un chanteur espagnol catalan, né en 1934, engagé et libertaire, dont la famille a fui l’Espagne en 1937 pendant la guerre civile. Il a construit son œuvre en mettant en musique des textes de poètes espagnols ou latino américains tels que Rafael Alberti, Federico Garcia Lorca ou Pablo Neruda. Farouche opposant à Franco et à toute forme de dictature et d’autoritarisme, il rencontrera la notoriété et le succès en France en 1969, après une double prestation : la célébration des événements de mai 68, en mai 1969 où il chante dans la cour de la Sorbonne, puis un concert à l’Olympia en décembre 1969. Concert devenu mythique à plus d’un titre, puisqu’il y interprètera notamment, pour la première fois, La mala reputaciòn, version en espagnol de La mauvaise réputation de Brassens.
Dix années plus tard, tombera dans les bacs une magnifique galette de onze reprises de Brassens en langue espagnole, interprétée de voix de maître par Paco Ibañez. Tous les titres sont brillants, mais El testamento a une saveur particulière en ce que je trouve la reprise supérieure à l’originale. Est-ce lié à la voix de Paco Ibañez, que je trouve particulièrement chaude et mise en valeur ? Est-ce lié au rythme du texte tel qu’il est chanté, légèrement différent de l’interprétation originale ? Ou bien encore à la magie de la langue espagnole (que je ne parle ni ne comprends) et qui crée une sorte de faux mystère, puisque je connais néanmoins le texte en français ? Impossible à dire. Toujours est-il que je vous convie à écouter tranquillement et au chaud cette magnifique interprétation, et à vous échapper ensuite sur les dix autres titres qui sont autant de merveilles pour les oreilles et le corps.
Raf Against The Machine